Un ours polaire à Madeleine-Centre

Dans No 5 - Juin 2022. par

29 avril 2022, Madeleine-Centre, sur la propriété de Jean Bergeron et Sophie Bonneville, monsieur Bergeron est en train de pelleter de la neige sur sa propriété. Leur chien, Boris, un Bouvier Bernois se met soudainement à aboyer. Pensant qu’il aboyait après des corneilles, il n’y prend pas garde mais les aboiements persistent et il se lève la tête pour voir. Tel n’est pas sa surprise lorsqu’il aperçoit sur son terrain à environ 100 pieds de la maison, ce qui ressemble de toute évidence à un ours polaire. Il rappelle immédiatement son chien pour le ramener à la maison et prend garde de ne pas provoquer l’animal qui l’observe également et avec prudence s’éloigne de l’animal et rentre chez-lui avec sa conjointe Sophie et leur chien.

Ils s’empressent aussitôt de prévenir les autorités compétentes bien que ce n’est pas facile surtout un vendredi en fin d’après-midi. Finalement, ils réussissent à prévenir une de leur connaissance qui travaille au Parc Forillon et des mesures sont prises pour solutionner cette situation plus que particulière.

Une alerte est déclenchée, les citoyens du secteur sont avisés de rester chez-eux par mesure de prudence, le temps que les autorités repère l’animal et prennent des mesures pour solutionner cette situation.

Nous connaissons malheureusement le sort de cet animal et cela a créé une réaction médiatique des plus vigoureuse sur les réseaux sociaux.

Pour Sophie Bonneville et Jean Bergeron, ce fut un épisode assez boulversant et inquiétant. Ils furent malheureusement victimes de commentaires acerbes voir haineux sur les réseaux sociaux pour avoir « dénoncé » la présence de cet animal sur leur propriété. Quand on sait qu’un animal de la sorte, pesant plus 950 lbs, affamé car il avait l’estomac et les intestins vides lors de l’autopsie, peut prendre un humain pour un « hot dog »; c’est ce que nous sommes pour lui! Que faire? Cet ours était un mâle d’environ 5 à 6 ans, en bonne condition de santé mais l’estomac vide.

D’où venait-il? L’on suppose qu’il aurait traversé le fleuve à partir de la Côte Nord car un ours polaire y avait été aperçu quelque temps auparavant. Étant un animal bon nageur, il aurait pu via l’Île d’Anticosti, faire la navette pour se rendre en Gaspésie.

J’aimerais partager avec vous le commentaire Facebook de Marc-André Pauzé, écrivain/photographe/dessinateur-vagabond des grands espaces, paru le 1er mai 2022 et qui pourrait nous donner un regard différent sur cet événement :

L’ours polaire qui a été abattu en Gaspésie est un exemple de situation complexe avec le plus gros prédateur sur terre. Il faut rappeler que l’ours polaire est une espèce vulnérable due à la disparition des glaces de mer, mais il n’est ACTUELLEMENT pas en voie d’extinction. C’est une espèce VULNÉRABLE et un SYMBOLE du réchauffement climatique, mais aucune personne n’est capable d’affirmer s’il réussira ou non à s’adapter à la fonte des glaces. Déplacer un ours noir sur quelques dizaines de km est une chose et un ours polaire sur 1000 km en est une autre.

Vivre avec la présence d’ours polaire dans une communauté isolée dans la toundra et vivre avec la présence d’ours polaire sur un territoire densément peuplé, sont deux choses différentes. Le Nunavik a une densité de population de 0,03 habitants/km2. La Gaspésie a une densité de 5 hab/km2, soit 250 fois la densité du Nunavik. Il ne faut pas comparer des patates avec des carottes. Les Inuits vivent, pour la plupart avec le respect de l’ours mais aussi avec la peur au ventre s’ils ne sont pas armés quand ils sortent du village. Ils ne tolèrent aucun ours à proximité d’un village. C’est triste que cet ours se soit retrouvé si loin de son habitat et qu’il ait été abattu… comme il est triste qu’un ours polaire s’aventurant dans un village inuit le soit aussi.

Avant de faire un buzz médiatique avec une relocalisation à la logistique complexe et dangereuse, à la fois pour l’ours et les sauveteurs, qui aurait coûté quelques centaines de milliers de $, il vaudrait mieux faire des pressions pour que des politiques d’habitats protégés soient mises en place. C’est justement sur quoi les groupes comme WWF et Polar Bear International travaillent conjointement avec les populations inuites. Les solutions aux dérèglements climatiques sont avant tout politique et reposent sur un changement de modèle économique planétaire.

Avant de critiquer ce qui aurait pu être fait pour sauver cet ours, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour diminuer la surconsommation. On sauvera peut-être plus d’ours…

« Aurait-on fait mieux? ».

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