Au cours de l’été dernier et à la demande de la municipalité de Cloridorme, le Conseil de l’eau du Nord de la Gaspésie a mis ses bottes d’eau et empoigné son GPS pour partir à la découverte de la Commune, un milieu humide situé à l’embouchure de la rivière du Grand Cloridorme, au cœur de la municipalité.
L’objectif de cette sortie de quelques jours sur le terrain était de faire une première caractérisation de la flore, de la faune et du sol de ce milieu naturel particulier. Puisque les milieux humides sont des endroits dotés d’une grande diversité biologique et qui remplissent plusieurs fonctions écologiques au bénéfice des communautés humaines (exemples : filtrer et purifier les eaux de surface par le captage des sédiments, diminuer les risques d’inondation ou d’érosion par l’atténuation des crues et la régularisation du débit des cours d’eau, etc.), leur conservation et leur mise en valeur sont évidemment souhaitables.
Ainsi, une meilleure connaissance de la Commune facilitera le maintien à long terme de son intégrité écologique et permettra aux citoyens de la municipalité et aux gens de passage d’en savoir davantage sur la richesse de cet endroit.
Voici, en bref, ce que nous avons découvert dans ce marais.
Une flore diverse et bien adaptée à l’eau !
Nos efforts ont permis de repérer la présence d’une flore typique, largement adaptée à un sol régulièrement gorgé d’eau en provenance de la rivière, des marées du Saint-Laurent et de la fonte des neiges. Parmi ces plantes, notons l’omniprésence du carex paléacé, de la hiérochloé odorante – autrement nommée « foin d’odeur » – et de la calamagrostide du Canada, une herbe haute. Plusieurs fleurs ont aussi été observées, telles que la potentille ansérine, le comaret des marais et l’iris versicolore.
Par ailleurs, des arbustes affectionnant les lieux humides – le cornouiller stolonifère ou « hart rouge » et l’aulne rugueux – ont aussi été observés en abondance en bordure du marais. Cette flore témoigne de la présence probable d’un marécage succédant au marais et situé un peu plus en amont de la rivière. Nous y retournerons peut-être pour en savoir davantage…
Une faune riche… qui reste à explorer !
Bien que les inventaires floristiques aient été menés à un moment de l’année peu propice à l’observation de la faune, quelques efforts ont néanmoins été réalisés afin d’explorer cet aspect.
Ainsi, des recherches sous les petits abris – roches, branchages, souches, trous d’eau, etc. – ont été faites afin de voir s’ils pouvaient abriter des salamandres, couleuvres et autres reptiles et amphibiens. Hélas, nous n’avons rien vu… Il est possible que le marais soit un milieu trop salin et exposé pour abriter certains de ces animaux, notamment les salamandres – qui affectionnent davantage les lieux ombragés et sous-bois.
Cependant, nous avons aussi consacré quelques soirées – avant le coucher du soleil et jusqu’à la tombée de la nuit – pour tenter d’identifier les oiseaux fréquentant le marais et les lisières forestières voisines, ainsi que pour écouter les chants nuptiaux des anoures : grenouilles, rainettes et crapauds. De cette façon et avec un effort néanmoins limité, nous avons observé une dizaine d’espèces d’oiseaux différentes, dont plusieurs petits oiseaux communs, tels que la grive fauve, la paruline couronnée et la tourterelle triste. Des oiseaux de rivages ou typiques des milieux humides ont aussi été observés, notamment l’hirondelle bicolore, le canard noir et la bécassine de Wilson.
Quant aux chants nuptiaux des anoures, le long trille du crapaud d’Amérique a été entendu plusieurs fois ! Cependant, nos visites sur le terrain – à la fin juin – n’arrivaient pas au moment le plus propice pour l’écoute de tels chants. Des visites plus printanières – au mois de mai, par exemple – seraient nécessaires pour découvrir d’autres chants de grenouilles…
Un sol typique… d’un milieu humide !
Les sondages pédologiques effectués au cœur de la Commune nous ont permis de valider ce que la flore nous indiquait déjà, à savoir que ce site naturel est bel et bien un milieu humide. Plusieurs carottes de sol étaient dominées par la présence de gley, une terre d’apparence argileuse typique des sols gorgés d’eau. De plus, la résurgence fréquente d’eau vers la surface du sol – une fois les carottes extraites – était aussi un indicateur hydrologique indéniable.
Un marais d’une belle intégrité !
Au terme de notre investigation – une fois les bottes séchées et bien rangées et les analyses de végétation sous la loupe binoculaire terminées – nous sommes en mesure d’affirmer que la Commune constitue un milieu humide relativement intègre. Ce marais – puisqu’il s’agit bel et bien, à la lumière de la flore qui domine l’endroit, d’un marais – n’a révélé aucune espèce floristique exotique et peu de signes de perturbation anthropique.
Évidemment, cette intégrité demeure fragile et la mise en valeur d’un tel milieu naturel doit s’appuyer sur une population sensibilisée à sa richesse et aux services écologiques qu’il nous rend. Ainsi, les quelques déchets et les ornières de VTT qui ont, malgré tout, été observés dans la Commune pourraient aisément disparaître au cours des prochaines années si la municipalité et ses citoyens se mobilisent suffisamment pour les faire disparaître…
Et si notre aide est sollicitée, le Conseil de l’eau du Nord de la Gaspésie se fera un plaisir de ressortir ses bottes d’eau et de revenir à votre rencontre !
Pour un apprendre davantage…
Si vous désirez en apprendre davantage sur le marais de la Commune de Cloridorme, le rapport de caractérisation de ce milieu humide est disponible à l’adresse suivante :
http://www.conseileaunordgaspesie.ca/projets/annee_2015
Et si vous voulez en savoir plus sur le Conseil de l’eau du Nord de la Gaspésie et ses projets, n’hésitez pas à consulter notre site Internet au www.conseileaunordgaspesie.ca ou à communiquer avec nous par téléphone au 418-797-2602 ou par courriel à direction@conseileaunordgaspesie.ca.